TDAH et auto-diagnostic sur TikTok : une tendance virale et préoccupante

Depuis quelques années, les vidéos sur le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) explosent sur TikTok. Une étude récente d’Adobe révèle que cette plateforme chinoise est devenue l’un des moteurs de recherche préférés des 15-29 ans. Elle montre aussi que ce hashtag #TDAH comptabilise près de 500 000 publications, soulevant des inquiétudes sur l’autodiagnostic en ligne. Si cette visibilité permet une meilleure reconnaissance du trouble, elle conduit aussi à une augmentation préoccupante des erreurs de diagnostic. De nombreux utilisateurs, influencés par des descriptions vagues et simplistes, se persuadent à tort d’être atteints de TDAH, sans consultation médicale préalables.

Qu’est ce que le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ou le TDAH ?

Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental complexe, qui touche 5 à 7 % des enfants et environ 2,5 % des adultes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il se caractérise par des difficultés de concentration, une impulsivité marquée et, dans certains cas, une hyperactivité. Mais sur TikTok, les symptômes sont souvent réduits à de simples affirmations : « Si tu oublies souvent tes affaires » ou « Si tu procrastines trop, tu as sûrement un TDAH ». Cette généralisation pousse de nombreux jeunes à s’auto-diagnostiquer, parfois à tort, alors que ces signes peuvent aussi être liés à l’anxiété, la dépression, le stress ou encore un trouble du sommeil.

Le phénomène est amplifié par l’algorithme de TikTok, qui privilégie les contenus engageants et viraux. Une étude menée par l’Université du Michigan en 2023 révèle que plus de 50 % des vidéos sur le TDAH contiennent des informations inexactes ou trompeuses. Beaucoup proposent des tests rapides et non validés scientifiquement, où quelques questions suffisent à affirmer qu’une personne est atteinte de ce trouble. Cette simplification extrême inquiète les experts, qui rappellent que le diagnostic du TDAH repose sur des critères bien plus complexes, nécessitant une évaluation médicale approfondie.

Les conséquences de ces auto-diagnostics erronés ne sont pas anodines. L’un des risques majeurs est l’effet nocebo : une personne persuadée d’avoir un trouble peut adopter inconsciemment ses symptômes, même en l’absence de pathologie avérée. Une étude publiée dans le Journal of Psychiatric Research en 2024 montre que les individus qui pensent souffrir de TDAH après un auto-diagnostic ont des performances cognitives altérées, bien qu’ils n’aient jamais été diagnostiqués par un professionnel.

Les dangers de l’auto-diagnostic du TDAH sur TikTok

Certains jeunes, convaincus d’être atteints de TDAH, cherchent à obtenir des traitements médicamenteux comme la Ritaline ou l’Adderall, prescrits habituellement aux patients diagnostiqués. Aux États-Unis, la prescription d’Adderall a augmenté de 15 % entre 2020 et 2023, en parallèle de la montée des contenus sur le TDAH sur TikTok. En France, où ces médicaments sont plus strictement encadrés, les autorités sanitaires observent une hausse des achats illégaux de psychostimulants sur le darknet, alertant sur les risques de dépendance et d’effets secondaires graves.

Face à cette vague d’auto-diagnostics, les professionnels de santé rappellent l’importance d’une prise en charge rigoureuse et encadrée. Contrairement aux tests simplistes diffusés sur TikTok, le diagnostic du TDAH nécessite une évaluation approfondie, basée sur des critères précis : des symptômes persistants depuis au moins six mois, un impact significatif sur la vie quotidienne, et une exclusion d’autres troubles pouvant expliquer ces difficultés. Les consultations avec un spécialiste restent la seule démarche fiable pour déterminer la présence ou non du trouble.

Tiktok ou la banalisation des maladies psychiques

Si TikTok a permis de mettre en lumière des témoignages importants et de briser certains tabous autour du TDAH, il a aussi favorisé une banalisation du diagnostic et une diffusion massive d’informations erronées. Le Dr Jean-Baptiste Alexanian, psychiatre spécialisé dans le TDAH, estime que cette exposition médiatique doit être mieux encadrée : « Les réseaux sociaux ne doivent pas être diabolisés, mais les utilisateurs doivent apprendre à différencier un témoignage personnel d’une véritable information médicale ».

Ce phénomène soulève une question plus large : comment réguler la diffusion de contenus médicaux sur les réseaux sociaux ? Alors que de nombreux jeunes s’informent désormais via TikTok, l’absence de régulation et de vérification des sources pose un réel défi en matière de santé publique. Les spécialistes encouragent une meilleure éducation aux médias et à la santé mentale, afin d’aider les utilisateurs à reconnaître les sources fiables et à éviter les pièges de l’auto-diagnostic.

Si vous pensez être concerné par le TDAH, ne vous fiez pas aux vidéos TikTok. Consultez un professionnel de santé, qui pourra établir un diagnostic précis et vous orienter vers des solutions adaptées.

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Écrit par Laure ROUSSELET

*Source image: Banque d'images libre de droits - CANVA

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