Avec l'émergence de l'intelligence artificielle, les chatbots comme ChatGPT se sont imposés dans notre quotidien. Ces outils conversationnels, accessibles 24 heures sur 24, sont de plus en plus utilisés pour discuter de santé mentale. Près de 30 % des jeunes adultes affirment avoir déjà utilisé un chatbot pour exprimer leurs préoccupations ou demander des conseils. Ce chiffre, en constante augmentation, témoigne d’une adoption massive, notamment parmi les populations jeunes et connectées.
Les étudiants sont particulièrement friands de ces technologies. Environ 45 % d’entre eux reconnaissent s’en être servis pour parler de leurs angoisses ou pour trouver des réponses immédiates à leurs questionnements. Leur gratuité et leur anonymat en font des alternatives séduisantes face aux délais souvent longs pour obtenir un rendez-vous chez un thérapeute.
Les promesses des chatbots : attractivité et accessibilité
Les chatbots présentent des avantages évidents qui expliquent leur popularité. Disponibles à tout moment, ils offrent une réponse immédiate, sans contrainte de déplacement ni d'attente. Ces outils permettent de briser la solitude pour ceux qui n’osent pas encore consulter un professionnel ou pour qui les services traditionnels sont trop coûteux. Leur anonymat offre également un espace perçu comme sécurisé, où les utilisateurs peuvent aborder des sujets sensibles sans peur d’être jugés.
Pour certaines personnes, ces technologies constituent une première étape pour réfléchir à leur santé mentale. Elles fournissent des informations générales sur des thématiques comme le stress ou l’anxiété et proposent des exercices simples de gestion émotionnelle, comme des techniques de respiration ou des affirmations positives.
Les limites et dangers des chatbots thérapeutiques
Malgré leurs atouts, les chatbots présentent des limites importantes qui soulèvent des préoccupations majeures lorsqu’ils sont utilisés pour traiter des problèmes de santé mentale.
Les chatbots fonctionnent grâce à des modèles prédéfinis et des algorithmes, qui analysent les messages des utilisateurs pour générer des réponses. Cependant, ils ne possèdent pas la capacité d’empathie d’un thérapeute humain, ni la flexibilité nécessaire pour adapter leurs réponses aux spécificités émotionnelles et contextuelles de chaque individu. Ils peuvent donner des réponses génériques qui manquent de nuances ou ne prennent pas en compte les besoins réels des utilisateurs.
L’histoire de Pierre, un jeune homme en Belgique, illustre les dangers potentiels des chatbots. Après plusieurs semaines de discussions intensives avec un chatbot, il a mis fin à ses jours. Les réponses générées, bien que cohérentes sur le plan technique, n'ont pas su détecter la gravité de son état ni lui offrir le soutien approprié. Ce drame met en lumière l'incapacité des chatbots à gérer des situations de crise nécessitant une intervention humaine.
Se confier exclusivement à une intelligence artificielle peut entraîner un isolement social. En l'absence d’interactions humaines, les utilisateurs risquent de se couper de leur entourage ou des solutions thérapeutiques adaptées, aggravant ainsi leur détresse.
Les données partagées avec les chatbots ne sont pas toujours protégées par des règles strictes. Dans certains cas, ces informations peuvent être stockées ou utilisées à des fins commerciales, exposant les utilisateurs à des risques de violation de leur vie privée.
Les alternatives pour une meilleure santé mentale
Face aux limites des chatbots, il est essentiel de promouvoir des alternatives plus sûres et mieux encadrées :
- Consulter des professionnels qualifiés : Les psychologues, psychiatres et thérapeutes offrent un accompagnement personnalisé, basé sur une compréhension profonde des émotions et des comportements humains.
- Utiliser les lignes d’écoute : Des services comme SOS Amitié ou les lignes d’urgence offrent une écoute gratuite et immédiate pour les personnes en détresse.
- S’orienter vers des plateformes numériques encadrées : Certaines applications dédiées à la santé mentale sont supervisées par des professionnels, garantissant un cadre éthique et une sécurité accrue.
Vers une utilisation responsable des chatbots
Les chatbots peuvent jouer un rôle utile, notamment pour sensibiliser à la santé mentale ou offrir un soutien ponctuel. Cependant, ils ne doivent pas être utilisés comme des substituts à un accompagnement thérapeutique humain. Les développeurs de ces technologies doivent également assumer une responsabilité importante en garantissant la confidentialité des données et en informant les utilisateurs sur les limites des réponses générées.
Pour les utilisateurs, il est crucial de faire preuve de discernement et de ne pas considérer ces outils comme une solution à part entière. La santé mentale nécessite une prise en charge humaine, basée sur l’empathie, l’écoute et une compréhension approfondie des besoins individuels.
L'essor des chatbots dans le domaine de la santé mentale reflète une quête d'accessibilité et de rapidité dans un monde où les services thérapeutiques sont souvent saturés. Toutefois, ces outils présentent des limites importantes et des risques sérieux, comme en témoigne l’histoire tragique de Pierre. Se confier uniquement à une IA est une démarche risquée qui peut aggraver les situations de détresse. La santé mentale exige une approche humaine et adaptée, que les chatbots ne peuvent remplacer. Sensibiliser aux limites de ces technologies est essentiel pour éviter des dérives et garantir un soutien réellement bénéfique.
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Écrit par Laure ROUSSELET
*Source image: GQ France
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