Alzheimer : où en est-on de la recherche ?

Près de 57 millions de personnes dans le monde vivent aujourd’hui avec une démence, dont 60 à 70 % sont liées à la maladie d’Alzheimer. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce chiffre pourrait atteindre 139 millions d’ici 2050 si aucune avancée majeure n’intervient.

En Europe, on estime à environ 10 millions le nombre de personnes touchées, dont près de 1,2 million en France. Le vieillissement rapide de la population, combiné à un manque de diagnostic précoce, seules 40 % des personnes atteintes dans les pays développés bénéficient aujourd’hui d’un diagnostic officiel, rend l’enjeu plus pressant que jamais.

En 2025, une avancée scientifique majeure a été franchie : les premiers tests sanguins fiables de dépistage précoce d’Alzheimer ont été validés aux États-Unis et en Europe. Ces examens, capables de détecter dans le sang des biomarqueurs caractéristiques de la maladie, comme la protéine amyloïde bêta ou la protéine tau phosphorylée, bien avant l’apparition des symptômes, pourraient révolutionner l’accès au diagnostic. Jusqu’ici, celui-ci reposait sur des examens lourds, coûteux et invasifs, tels que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou la ponction lombaire, souvent réservés à quelques centres spécialisés et difficiles d’accès en zone rurale.

Des traitements pour Alzheimer encore inaccessibles en France

Depuis 2023, de nouveaux traitements à base d’anticorps monoclonaux, comme le lecanemab ou le donanemab, ont également fait leur apparition dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et au Japon. Leur objectif consiste à ralentir modestement le déclin cognitif, de l’ordre de 25 à 35 % dans les essais cliniques, à condition d’être administrés à un stade très précoce de la maladie. En parallèle, plus de 140 médicaments sont en cours d’évaluation à travers le monde, tandis que les premiers vaccins contre Alzheimer entrent en phase de test. Ces vaccins, ciblant les protéines toxiques amyloïde ou tau, ont montré des résultats encourageants chez l’animal et suscitent un réel espoir après le lancement des premiers essais sur l’humain en 2024.

Ces progrès restent toutefois inaccessibles pour la majorité des patients. Les coûts peuvent dépasser 25 000 euros par an pour certains traitements, la disponibilité est limitée à un petit nombre de centres hospitaliers, et les critères d’éligibilité sont stricts (âge, stade de la maladie, absence de certaines comorbidités). Aujourd’hui encore, aucun traitement ne permet de guérir Alzheimer.

La prévention demeure un levier majeur : selon une vaste étude publiée dans The Lancet, jusqu’à 45 % des cas pourraient être évités en agissant sur douze facteurs de risque modifiables, dont l’hypertension, l’isolement social, le tabagisme, la sédentarité, la perte auditive non traitée, la malnutrition ou le diabète mal contrôlé. Adopter un mode de vie sain même après 60 ans, peut jouer un rôle clé dans la réduction du risque.

La vie quotidienne chamboulée avec la maladie d' Alzheimer

Alzheimer ne se résume pas à la perte de mémoire : la maladie affecte aussi le langage, l’orientation, le raisonnement et, à terme, l’autonomie. Elle isole, désoriente et fragilise le quotidien des personnes atteintes. Les proches aidants, estimés à plus de 11 millions rien qu’en Europe, se retrouvent souvent en première ligne, sans formation ni soutien psychologique suffisant, dans un contexte où l’accompagnement médico-social reste très inégal d’un territoire à l’autre. En France, le coût moyen annuel de la prise en charge peut dépasser 24 000 euros par patient, une charge considérable pour les familles.

L’enjeu autour d’Alzheimer dépasse le seul cadre médical : il interroge la manière dont nos sociétés envisagent le vieillissement, la solidarité intergénérationnelle et la place accordée à la vulnérabilité. Alors que les progrès de la recherche s’accélèrent, la question centrale reste de savoir si nous saurons transformer ces avancées en réponses concrètes, accessibles et durables.

Dans les prochaines années, l’efficacité réelle de ces innovations, leur coût, ainsi que leur déploiement à grande échelle seront des indicateurs clés pour mesurer la capacité des systèmes de santé à répondre à l’augmentation prévue du nombre de cas d’Alzheimer d’ici 2050.

De Laure ROUSSELET

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