En France, 12 millions de personnes vivent en situation de handicap, dont environ 6 millions de femmes. Ces dernières subissent des violences dans des proportions bien supérieures à celles des femmes sans handicap. Selon les données :
- 35 % des femmes en situation de handicap ont déclaré avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles, contre 19 % des femmes non concernées. (source)
- 23 % des femmes en situation de handicap ont vécu des violences conjugales, contre 15 % des autres femmes.
- Les femmes avec des handicaps sensoriels (comme les troubles auditifs ou visuels) signalent également des taux élevés de violences, atteignant 27 % pour celles sourdes ou malentendantes.
Des violences sous toutes leurs formes dès le plus jeune âge
Des violences sexuelles omniprésentes
Des abus liés à la dépendance
Les femmes en situation de handicap, notamment celles ayant besoin d’une aide quotidienne, sont particulièrement exposées aux abus de leurs aidants ou de leurs proches. Ces violences incluent :
- Des agressions physiques et sexuelles.
- Des maltraitances psychologiques, comme des menaces ou du harcèlement.
- Des violences économiques, où l’agresseur contrôle les ressources financières.
Des violences institutionnelles
L’inadaptation des structures publiques et des politiques sociales constitue une forme de violence institutionnelle. L'absence de prise en compte des besoins spécifiques, comme l’accès à des refuges adaptés ou la reconnaissance juridique des cas de violences spécifiques aux femmes en situation de handicap, aggrave leur isolement et leur sentiment d’impuissance.
Un silence difficile à briser
Obstacles à la dénonciation
Les femmes en situation de handicap rencontrent de nombreux obstacles lorsqu’elles souhaitent dénoncer les violences subies :
- Dépendance envers l’agresseur : Une femme qui dépend de son agresseur pour se déplacer, s’alimenter ou se soigner peut hésiter à le dénoncer par peur de perdre ce soutien essentiel.
- Manque de services accessibles : Les refuges d’urgence ou les centres d’accueil sont souvent inadaptés aux besoins spécifiques des femmes en fauteuil roulant ou ayant des handicaps sensoriels.
- Préjugés sociaux : Les stéréotypes persistent, et certaines femmes en situation de handicap ne sont pas crues lorsqu’elles témoignent.
Conséquences psychologiques
Ces violences ont des répercussions graves sur la santé mentale des victimes. Elles renforcent leur isolement social et aggravent des troubles préexistants, tels que l’anxiété ou la dépression.
Des initiatives pour lutter contre ce fléau
Face à cette situation alarmante, plusieurs initiatives émergent pour offrir un soutien concret aux femmes en situation de handicap :
1. Écoute Violences Femmes Handicapées (EVFH)
EVFH propose une ligne d’écoute spécialisée, accessible via des moyens adaptés (SMS, appels, vidéos), qui permet aux femmes de témoigner et de bénéficier d’un accompagnement juridique, social et psychologique.
2. Formation des professionnels
Certaines associations, comme Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), forment les intervenants sociaux, policiers et magistrats pour mieux identifier les spécificités des violences subies par les femmes en situation de handicap.
3. Refuges accessibles
Des efforts sont faits pour adapter les refuges d’urgence aux besoins des femmes en situation de handicap, bien que ces structures restent encore rares en France.
4. Centres dédiés
Des centres comme Intimagir à Lyon accompagnent les personnes en situation de handicap sur des problématiques liées à leur vie intime et sexuelle, en proposant un suivi médical et psychologique.
Un appel à des actions concrètes
Pour répondre à ce fléau, il est urgent de mettre en place des politiques publiques robustes, qui incluent :
- Une meilleure collecte des données : Il est essentiel de disposer de statistiques précises sur les violences faites aux femmes en situation de handicap pour mieux adapter les dispositifs de prévention.
- La formation obligatoire des professionnels : Inclure des modules sur le handicap et les violences dans la formation initiale et continue des intervenants.
- Le développement de refuges adaptés : Assurer que chaque région dispose de structures accessibles.
- La sensibilisation du grand public : Briser les tabous et stéréotypes pour encourager les victimes à témoigner.
Un enjeu à l’international
Ce problème dépasse les frontières de la France. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes en situation de handicap à l’échelle mondiale sont trois fois plus susceptibles de subir des violences sexuelles que les femmes sans handicap. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour protéger ces femmes, en renforçant les droits humains et en promouvant une justice accessible à toutes.
Plus d’infos ℹ️ :
*Source image: libre de droits - banque d'images Canva
Écrit par Laure ROUSSELET
Pour rappel, Petite Mu est le 1er média qui sensibilise aux handicaps invisibles 💛
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