Le dispositif "Mon Soutien Psy" évolue au 1er janvier 2025 pour permettre un élargissement du nombre de consultations psychologiques rendues gratuites depuis 2022 en France. Derrière cette avancée se cachent cependant des défis structurels, une pénurie de professionnels et des besoins croissants en santé mentale de la population. Décryptage d’un dispositif éminemment nécessaire mais (encore) à revoir !
Un contexte de crise alarmant
La santé mentale des jeunes n’a jamais été aussi préoccupante. D’après une enquête récente de l’Observatoire iAMStrong avec l’Ifop, 1 étudiant sur 4 a déjà eu des pensées suicidaires. Cette statistique illustre une détresse psychologique croissante liée à des facteurs tels que la pression scolaire, l’isolement social exacerbé par la pandémie de COVID-19 et les incertitudes économiques. Dans ce contexte, l'État a choisi de renforcer "Mon Soutien Psy", lancé en 2022, pour répondre à ces besoins urgents.
Un accès simplifié
À partir du 1er janvier 2025, "Mon Soutien Psy" supprime une étape administrative majeure : il ne sera plus nécessaire de passer par un médecin généraliste pour accéder à un psychologue. Concrètement, chaque personne de plus de 3 ans présentant des troubles légers à modérés pourra consulter directement un praticien agréé, identifié via un annuaire mis en ligne par Ameli. Ce dispositif offre désormais jusqu’à 12 séances remboursées par an (au lieu de 8 auparavant), chacune prise en charge à hauteur de 50 €. La première consultation inclut un bilan complet, permettant d’évaluer les besoins du patient et, si nécessaire, de l’orienter vers un psychiatre en cas de trouble sévère.
Les limites du dispositif “Mon parcours psy”
Malgré cette simplification, "Mon Soutien Psy" reste confronté à des obstacles majeurs. La pénurie de psychologues agréés en France est un problème criant : le pays compte seulement 11 psychologues pour 100 000 habitants, bien en deçà de la moyenne européenne de 18 pour 100 000. Cette situation engendre des délais d’attente prolongés, parfois incompatibles avec l’urgence des troubles psychologiques.
De plus, la rémunération des psychologues, plafonnée à 50 € par séance, est jugée insuffisante par les professionnels, qui pointent une dévalorisation de leur métier et des charges élevées à couvrir. Résultat : de nombreux psychologues refusent d’intégrer la plateforme, limitant encore davantage l’offre. Enfin, les 12 séances annuelles remboursées ne permettent souvent pas un suivi adéquat pour des pathologies chroniques comme l’anxiété généralisée ou la dépression par exemple.
Santé Psy Étudiant : une alternative pour les jeunes en détresse !
Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, le dispositif "Santé Psy Étudiant" propose une solution complémentaire. Il offre 12 séances gratuites par année académique, sans avance de frais, et un accès simplifié via un site dédié. Ce programme se distingue par sa gratuité totale, allégeant ainsi une contrainte financière majeure pour les jeunes en détresse psychologique. Toutefois, ce dispositif rencontre lui aussi des difficultés liées à la disponibilité des psychologues partenaires, notamment dans les zones rurales.
Une problématique sous-financée
L’évolution de "Mon Soutien Psy" met en lumière un enjeu plus large : le sous-financement chronique de la santé mentale en France. Selon l’OCDE, le pays consacre seulement 2 % de son budget de santé à la santé mentale, contre une moyenne de 5 % dans les pays voisins. Ce retard structurel se traduit par une insuffisance de moyens humains et financiers, rendant les dispositifs comme "Mon Soutien Psy" nécessaires mais insuffisants.
Quelques recommandations pour améliorer l’impact
Pour rendre "Mon Soutien Psy" véritablement efficace, plusieurs ajustements sont nécessaires :
- Augmenter le nombre de séances remboursées, notamment pour les patients souffrant de troubles chroniques.
- Revaloriser la rémunération des psychologues afin de garantir une participation plus large au dispositif.
- Simplifier davantage l’accès, notamment pour les populations vivant en zones rurales ou éloignées des services de santé.
- Renforcer la sensibilisation pour que chacun connaissent ses droits et surmontent les tabous liés à la santé mentale.
Un défi national et international
La France n’est pas seule à faire face à cette crise de la santé mentale. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles psychologiques ont explosé à l’échelle mondiale depuis la pandémie, avec une augmentation de 25 % des cas d’anxiété et de dépression. Ce constat souligne l’importance d’intégrer la santé mentale dans les priorités nationales et internationales, avec des politiques ambitieuses et des financements adaptés.
L’évolution de "Mon Soutien Psy" est un pas en avant pour démocratiser l’accès aux soins psychologiques. Cependant, sans une réponse globale aux manquements énumérés plus haut, ces dispositifs risquent de rester sous-exploités. La santé mentale ne doit plus être reléguée au second plan : elle doit devenir une priorité nationale, au même titre que les autres enjeux de santé publique.
Plus d’infos ℹ️ :
Écrit par Laure ROUSSELET
*Source image: banque d'images Canva
Pour rappel, Petite Mu est le 1er média qui sensibilise aux handicaps invisibles 💛