“Nous, on n'est jamais représentés” - Retour sur l’histoire du pictogramme handicap invisible

En accompagnement du très connu pictogramme en fauteuil roulant, Virginie Szpiro en a imaginé un pour les personnes en situation de handicap invisible. Désormais diffusé partiellement dans les Pays de la Loire, il soulage bon nombre de malades face à des situations du quotidien, autrefois vécues comme angoissantes. 

Un design simple mais qui parle à tous. “C’est vraiment un pictogramme bateau où dedans il y a du rouge pour représenter la douleur et tous les maux qu’il peut y avoir qui sont intérieurs et non visibles extérieurement.”

“Changer les mentalités et sensibiliser sur le handicap invisible”

“Quand j’ai eu pour la première fois ma carte priorité, je voyais bien qu’il y avait des regards et que tout le monde se plaignait. C’est des préjugés parce qu'on n'est pas en fauteuil roulant”, confie Virginie Szpiro. 

Et des préjugés et agressions face à des personnes en situation de handicap invisible sur les places de parking, à la caisse du supermarché ou encore dans les transports en commun, il y en a beaucoup. Tout d’abord car, comme son nom l’indique, le handicap invisible ne se voit pas. Alors ceux qui pensent combattre une injustice en créent en réalité une nouvelle. 

Il est vrai que dans la tête des personnes valides, le handicap se résume au fauteuil roulant car c’est le seul pictogramme qui a toujours représenté le handicap. Même s’il ne correspond qu’à la réalité de 2 à 3% des personnes handicapées contre 80% de personnes en situation de handicap invisible. Alors inclure un autre pictogramme dissocié de ce fauteuil, “peut au moins un peu changer les mentalités et sensibiliser sur le handicap invisible”, pressent la créatrice du logo. 

Mais la démarche ne s’arrête pas à un pictogramme. Afin d’apporter une “sensibilisation complète”, elle a également élaboré des cartes de sensibilisation à présenter en caisse en cas de questionnement. Des flyers, décrivant l’objectif du pictogramme, affichés derrière les caissiers et caissières dans certains magasins ayant changé leur signalétique. Mais aussi via des stickers, à poser sur le pare-brise à côté de la carte CMI, et qui permettent de renseigner sur le handicap invisible une personne venue vérifier la présence de la carte de stationnement. 

Comme le souligne Virginie Szpiro : “Toutes ces petites choses font que les gens ont désormais moins peur d’aller faire leurs courses.”

Des démarches remerciées par des centaines de messages, nous confie-t-elle. Ajoutant que “les retours sont plutôt positifs quand les gens voient que le pictogramme les représente” et semble heureuse de nous dire “qu'ils ont plus de facilité à sortir leur carte.” “Aujourd'hui je suis heureuse parce que je n’ai plus peur de me garer”, lui a-t-on par exemple écrit. “Un pari gagné” donc.

De l’idée au développement, il y a l’engagement 

“Et puis un jour je suis rentrée chez moi et je me suis dit “tiens ! Je vais essayer de créer un pictogramme qui serait dissocié du fauteuil roulant et qui pourrait représenter la douleur”, nous raconte Virginie. Après l’avoir donc soumis à l'avis de sa communauté sur sa page Instagram (dans lequel elle parlait déjà des maladies, Ndlr) et avoir reçu des retours plutôt “positifs”, la commerciale a réalisé sa première collaboration avec des bornes priocall dont celle de Johanne Guerrero.

Lui est ensuite venue l’idée de changer les signalétiques. Premièrement dans le Auchan du Mans, après y avoir assisté au burn-out d’une cliente au niveau de la caisse PMR. “Et c’est là que ça a commencé à être médiatisé”. Depuis ce jour-là, quelques enseignes comme Leclerc, Auchan et bientôt Super U et IKEA suivent son idée en imposant le pictogramme sur leur signalétique.

Et c’est avec l’appui de la présidente des Pays de la Loire, Christelle Morançais, que Virginie Szpiro commence à voir grand. Avec comme projet le changement de la signalétique des transports en commun de la région, “car le problème se retrouve dans les transports en commun. Quand on s’assoit sur des places qui sont dédiées aux personnes à mobilité réduite. Au Mans par exemple, c’est un bonhomme avec une canne, ce qui fait penser à une personne âgée et pas à autre chose. Nous, on n'est jamais représentés.”

“Maintenant, mon objectif final, c’est qu’il soit officialisé.” Pour cela, Virgine a demandé audience auprès d’Aurore Bergé et de Fadila Khattabi afin qu’il soit présenté au Sénat et puis enfin à l’Assemblée nationale “ce qui serait super !”, se réjouit-elle. Nuançant “mais on y est pas encore.” Mais cet objectif ne semble pas si loin, après l’intérêt montré par ces deux ministres par retour de courrier. 

"J’ai également été sensibiliser dans les écoles, dans lesquelles je collabore avec les institutrices qui font des ateliers au sein des classes. Et ça marche très bien car les enfants sont très réceptifs.  Je pars du principe où il faut commencer à sensibiliser dès les plus petites classes. Les enfants se mettent à dessiner le pictogramme quand ils rentrent chez eux et l’expliquent à leurs parents. Ce qui fait qu’ils sensibilisent aussi leurs parents."

Ecrit par Pauline Guilcher