Fibromyalgie : une maladie invisible encore mal comprise par la société

Douleurs chroniques, fatigue intense, troubles cognitifs… La fibromyalgie affecte près d’1,2 million de personnes en France, en majorité des femmes. Pourtant, cette pathologie reste encore peu connue du grand public, et sa reconnaissance médicale comme sociale demeure incomplète. Considérée pendant longtemps comme une maladie « invisible », elle est encore trop souvent minimisée, voire ignorée, aussi bien dans la sphère privée que professionnelle.

La fibromyalgie est une affection chronique caractérisée par des douleurs diffuses dans l’ensemble du corps, une fatigue persistante, des troubles du sommeil et des difficultés cognitives comme des pertes de mémoire ou de concentration. Ces symptômes, très variables d’une personne à l’autre, rendent son identification particulièrement difficile. Aucun examen biologique ou radiologique ne permet à ce jour de confirmer un diagnostic, ce qui complique le parcours de soin.

La fibromyalgie touche une majorité de femmes

Les spécialistes estiment qu’environ 1,6 % de la population française est concernée, soit plus d’un million de personnes. La majorité sont des femmes âgées entre 30 et 60 ans. En l’absence de marqueurs objectifs, de nombreuses personnes atteintes font face à une errance médicale, parfois longue de plusieurs années, avant d’obtenir un diagnostic clair. Cette absence de reconnaissance immédiate peut entraîner un isolement profond, une perte de confiance en soi, mais aussi un épuisement émotionnel.

Les malades doivent souvent consulter plusieurs spécialistes — généralistes, rhumatologues, neurologues — avant d’avoir une réponse. Et même après le diagnostic, la stabilisation des symptômes est un long processus, nécessitant une prise en charge pluridisciplinaire et une adaptation permanente du quotidien. Le manque de repères médicaux standardisés autour de la maladie renforce encore le sentiment d’incompréhension chez les patient·es.

Bien que la fibromyalgie soit reconnue par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1992, la France n’a toujours pas accordé à cette maladie un statut pleinement reconnu. Elle ne figure pas parmi les affections de longue durée (ALD) dites « exonérantes », ce qui signifie que les soins ne sont pas systématiquement remboursés à 100 %. Les patient·es doivent passer par une reconnaissance au cas par cas, ce qui crée des inégalités d’accès aux soins et des frais souvent importants pour les familles.

Une prise en charge complexe de la fibromyalgie

Or, la prise en charge de la fibromyalgie repose rarement sur un seul traitement. Il s’agit souvent de combiner antidouleurs, psychothérapies, rééducation fonctionnelle, activités physiques adaptées (comme la natation, le tai-chi ou la marche douce), et parfois des traitements alternatifs comme la sophrologie ou la méditation pleine conscience. Des approches bénéfiques mais rarement remboursées, laissant de nombreuses personnes sans solution financièrement tenable.

Ce flou administratif se répercute aussi dans le monde du travail. De nombreuses personnes atteintes peinent à faire reconnaître leur maladie dans le cadre professionnel. Faute d’un statut clair, les aménagements d’horaires ou les demandes de télétravail sont parfois refusés. Certaines doivent quitter leur emploi ou sont poussées vers des arrêts maladies à répétition, sans accompagnement adapté. Résultat : une précarisation silencieuse, souvent ignorée des politiques publiques.

Au-delà des symptômes physiques, la fibromyalgie a un impact majeur sur la vie quotidienne. Les douleurs constantes et la fatigue entraînent une perte d’autonomie, un éloignement du travail et des difficultés à maintenir une vie sociale active. De nombreuses personnes touchées doivent adapter leur rythme, revoir leurs engagements familiaux, et composer avec une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos. À cela s’ajoute une souffrance psychologique, souvent aggravée par l’incompréhension de l’entourage ou l’invisibilisation dans les médias.

La fibromyalgie : une maladie encore trop peu médiatisée ?

Cette maladie encore trop peu médiatisée est également stigmatisée : les patient·es doivent souvent justifier leurs douleurs ou prouver leur invalidité dans des démarches administratives complexes. Sans trace visible de la pathologie, le regard des autres devient parfois un obstacle supplémentaire, renforçant la solitude et la culpabilité. On parle de  handicap invisible, car ses effets sont bien présents mais peu perçus. L’absence de reconnaissance sociale peut même accentuer les troubles anxieux ou dépressifs.

Pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes, les associations de patient·es plaident depuis des années pour une reconnaissance claire, une formation médicale renforcée, un accès facilité aux soins, et une sensibilisation du grand public. Car derrière l’invisibilité de la fibromyalgie se cache une réalité très concrète : celle d’un combat quotidien pour être entendu·e, soigné·e, et respecté·e.

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Écrit par Laure ROUSSELET

*Source image: Bande d'images libres de droits - CANVA

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