AESH:Une mobilisation nationale pour mettre fin à la précarité !

Le 16 janvier, les Accompagnants d'Élèves en Situation de Handicap (AESH) et les Assistants d'Éducation (AED) ont organisé une grève nationale pour dénoncer la précarité de leurs conditions de travail et exiger une reconnaissance statutaire. Ces professionnels, qui jouent un rôle clé dans l'inclusion scolaire, dénoncent un manque de considération de la part des autorités, malgré leur rôle indispensable auprès des élèves en difficulté.

AESH : des piliers essentiels pour l'éducation, mais (trop) souvent méprisés

Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte où le système éducatif français fait face à de nombreux défis. Avec un taux croissant d’élèves en situation de handicap dans les écoles ordinaires, les AESH se retrouvent en première ligne pour accompagner ces élèves. Leur travail va bien au-delà de l’assistance basique : ils permettent aux élèves de suivre leur scolarité, de s’intégrer au groupe classe et de développer leur autonomie.

Cependant, malgré l’importance de leur rôle, ces professionnels souffrent de conditions de travail dégradées. Leurs contrats, souvent précaires, imposent des temps partiels non choisis et des salaires largement insuffisants. Selon les syndicats, le salaire moyen des AESH oscille autour de 1 000 euros par mois, ce qui les maintient dans une situation de grande précarité.

Les PIAL : une fausse bonne idée qui aggrave la crise

Introduits en 2019, les Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (PIAL) visaient à optimiser l’allocation des AESH dans les établissements scolaires. Cependant, ces dispositifs sont largement critiqués par les accompagnants et les syndicats. Ils entraînent une surcharge de travail, une multiplication des déplacements entre différents établissements, et un accompagnement souvent fragmenté pour les élèves. Ce système est perçu comme une mesure de rationalisation budgétaire, au détriment de la qualité de l'accompagnement.

Face à cette situation, les AESH et AED, soutenus par une intersyndicale composée de la FSU, de la CGT Éduc'action, du SNALC et de SUD Éducation, ont formulé des revendications précises :

  • Un véritable statut professionnel : Ils demandent la création d’un corps de fonctionnaires de catégorie B, afin de stabiliser leur emploi et reconnaître la complexité de leurs missions.
  • Une revalorisation salariale : Ils réclament une augmentation de leurs salaires pour sortir de la précarité.
  • L’abandon des PIAL : Ce dispositif est jugé inefficace et nuisible tant pour les accompagnants que pour les élèves.
  • Une augmentation des effectifs : Les besoins en accompagnement des élèves en situation de handicap augmentent chaque année, mais les moyens humains ne suivent pas.

Une grève révélatrice d’un ras-le-bol général

Cette grève s’inscrit dans un contexte plus large de tensions sociales en France. La précarisation de nombreux métiers, la montée des inégalités et la pression croissante sur les services publics, notamment l’éducation, ont conduit à une multiplication des mouvements sociaux ces dernières années. Les AESH et AED, souvent invisibles, rejoignent ainsi un mouvement général pour la justice sociale et la reconnaissance des métiers essentiels.

Inclusion scolaire : des élèves sacrifiés

Les conséquences de cette précarisation sont multiples. Les élèves en situation de handicap, qui dépendent de l’accompagnement des AESH pour suivre une scolarité normale, sont les premiers impactés. La multiplication des élèves à suivre, les changements fréquents d’accompagnants et le manque de stabilité nuisent à leur intégration et à leur progression. Ces difficultés risquent de creuser davantage les inégalités dans l’éducation.

Le gouvernement sous pression

Face à cette mobilisation, le gouvernement a annoncé la création de 2 000 postes supplémentaires d’AESH en 2025. Bien que cette mesure soit perçue comme un pas dans la bonne direction, elle est jugée largement insuffisante pour répondre aux problèmes structurels du métier. Les syndicats insistent sur le fait que le nombre de postes ne peut compenser des salaires bas, des conditions de travail dégradées et un manque de reconnaissance professionnelle.

Pour répondre aux attentes des AESH et AED, il ne suffira pas d’annonces ponctuelles ou de mesures isolées. Une réforme structurelle est nécessaire, incluant :

  • La création d’un statut professionnel stable et reconnu.
  • Une revalorisation salariale permettant de vivre dignement.
  • Une amélioration des conditions de travail, notamment en repensant le dispositif des PIAL.
  • Une augmentation des moyens alloués à l’inclusion scolaire pour garantir un accompagnement de qualité.

La grève des AESH et AED souligne une réalité préoccupante : l’inclusion scolaire, pourtant présentée comme une priorité nationale, repose sur un système fragile. Si aucune réforme profonde n’est engagée, les élèves en situation de handicap risquent de voir leurs droits compromis.

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Écrit par Laure ROUSSELET

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